Nos rêves d’évasion

Quand on tape madagascar sur Google, il est fort possible de tomber sur le dessin-animé phare du moment des annonces du cœur de jeunes femmes Malgaches, souhaitant trouver un mari vazaha (étranger blanc de peau) Ces annonces ne sont que la partie visible de l’iceberg sur cette envie de partir des Malgaches. Partir d’ici est le rêve de beaucoup de gens et réussir veut entre autres dire vivre à l’étranger. Avant, l’étranger dont il était question était l’Europe, les États-Unis, le Canada. Maintenant, certains sont heureux de s’installer aux Comores.

Mais pourquoi cette envie de partir définitivement?

J’ai encore eu deux ou trois cours d’éducation civique en 3ème. Mais comme cette matière n’est pas notée, je peux dire qu’on s’en foutait complètement. Et puis, la prof nous faisait les cours juste par « obligation ». Au lieu de perdre du temps avec ça, elle préférait en donner un par trimestre et se consacrer au « vrai » programme scolaire. Et pourtant, un tel cours nous apprend à respecter notre drapeau et notre hymne, à être un bon citoyen et à aimer notre pays tout simplement.

Du coup, beaucoup de Malgaches manquent vraiment de civisme. Rencontrer un bon citoyen malgache devient de plus en plus rare, surtout en ville. Pour moi, un tel individu respecte la communauté c’est-à-dire les habitants et les biens publics. Un bon citoyen est poli et agréable. Il dit « Bonjour », « S’il vous plaît », « Merci » Il maintient son corps et son environnement propre. Il ne heurte personne dans la rue, surtout pas des personnes âgées, des femmes enceintes ou des enfants. Un bon citoyen paie ses impôts, ne corrompt pas les autorités pour avoir des faveurs, respecte la queue à la banque ou ailleurs… Ce sont des choses basiques, mais elles ne sont pas toujours respectées pour le moment. Peut-être un peu plus tard? Ayons de l’espoir malgré tout.

Pour vous donner des exemples précis de notre incivisme. Je dis NOUS parce que je fais partie de la communauté malgache. Si cette communauté est « sale », j’ai honte avec elle et je dois tout faire pour que l’honneur soit sauf. Bref…J’ai découverts récemment que les Malgaches détiennent le record du monde de la défécation en plein air avec 518.000 tonnes d’excréments par an! Quel bien triste record. Alors il y a toujours l’excuse de la pauvreté (les pauvres ne peuvent pas avoir leurs propres chiottes) sauf que les plus démunis sont loin d’être les seuls à faire caca partout, je suis désolée.

Un autre exemple, quand j’étais enceinte de mon premier, je prenais le bus matin et soir et à chaque fois, c’était la mêlée (non, il n’y a pas de file d’attente ou quoi, le bus arrive et tout le monde se rue dessus comme du bétail) Et en 9 mois, une seule fois un jeune homme m’a laissée passer devant lui. Une seule fois! Les autres fois, je faisais la bousculade comme tout le monde. Si tu as le malheur de hurler dans le tas « attention femme enceinte », on te réponds « tu n’as qu’à prendre un taxi », « tu n’avais qu’à pas te faire engrosser » etc.

Dernier exemple (parce qu’autrement, on resterait ici jusqu’en 2013) ici, la corruption est le sport national. On corrompt à tous les niveaux, du gardien de parking au Chef de l’État! Évidemment, le secteur public est le plus touché. Le plus rageant c’est qu’on fait croire que rien ne va sans corruption. En fait, quand on suit la voie normale, on fait des queues, on revient quinze fois, on tombe souvent sur les pauses café ou déjeuner de 10h, de midi et de 15h des fonctionnaires, on a envie de hurler sous un oreiller en fin de journée mais il arrive que ça marche. Mais parfois, tu craques et tu résouts ces problèmes à coups de billets de banque! Tu n’es qu’un pauvre humain comme tous les autres après tout. Pour vous dire l’ampleur de la chose, j’ai été dans un tribunal pour un casier judiciaire. Un mec approche les gens qui semblent perdus et là tu te dis « alléluia, les services sont cool ici » Que nenni! (je cherchais où je pouvais le mettre celui-là mdr) Il te propose de t’asseoir dans son petit box et te demande en quoi il peut t’aider. Tu lui dis que tu aurais besoin d’un extrait de casier judiciaire (Bulletin n°3 pour les intimes) et il te propose de te préparer tout ça pour une certaine somme (je ne sais plus combien, l’expérience date de 2009) Il te fait bien comprendre que c’est soit tu lui confies la tâche, soit tu arrives à 5h du matin pour faire la queue comme tout le monde et tu reviens quelques jours après pour récupérer ton bulletin. Tu as choisis de faire la queue comme tout le monde et tu es fière de ne pas t’être laissée embarquer dans son truc. Certes, il n’a pas demandé des millions mais bon, « les principes c’est tout ce qui nous reste quand on n’a plus rien » (dixit Phoebe, un personnage loufoque de la série Friends – ahhh mes références décidément)

Donc, en résumé: aucun respect des autres et égoïsme massif à tous les niveaux. Mais en plus (et à cause) des comportements des uns envers les autres, beaucoup de choses ne vont pas. Cela va de la pollution, à la politique en passant par le système scolaire, les hôpitaux, le transport… Avec une telle situation, vous auriez envie de vivre ici vous? Donc tout se comprend en fin de compte!

Comment partir?

Beaucoup de solutions s’offrent aux Malgaches qui souhaitent partir coûte que coûte.

– Beaucoup de jeunes femmes partent travailler dans des pays comme le Liban, L’Arabie Saoudite ou autre. Des recrutements en masse se font aussi pour l’île Maurice et d’autres pays certainement. D’après les agences de placement, elles sont payées dans les 150 à 200 dollars par mois. C’est un petit salaire de rien du tout mais elles ne trouveront pas de travail qui paie autant ici sans qualification. Ces dernières années, partir travailler au Liban (et ailleurs) est vue comme l’opportunité à ne pas manquer. Mais pour des raisons non encore officialisées, certaines femmes reviennent avec de graves problèmes psychologiques et parfois décédées suite à des blessures ou un mauvais traitement. Pour ce qui est des raisons, tout est flou (comme tout le reste) A ce propos, je viens tout juste de découvrir cette pétition

– Beaucoup de jeunes gens partent sur des bateaux de croisière pour être serveur ou autre. Cette fois, le salaire vaut vraiment le coup alors qu’on n’a pas forcément de diplôme à condition de se préparer à ne pas voir la famille pendant des mois. Beaucoup de pères de famille partent, mais ce type de travail est parfait pour les célibataires je trouve.

– Les athlètes ne reviennent pas quand ils participent à des jeux internationaux mdr Non, pour une fois, aucun Malgache n’a fait partie des « disparus » des derniers JO et ça m’a étonné. En fait, j’ai peut-être à tord une trop mauvaise image de mon peuple et j’en suis désolée.

– Les jeunes femmes font tout pour sortir et idéalement se marier avec un vazaha. Dans les rues, on voit facilement un vieux monsieur de 90ans avec une jeunette de 20 ans (et qu’on ne vienne pas me dire que c’est de l’amour, s’il vous plaît) Mais quand on y pense, tant qu’à souffrir, elles peuvent bien supporter leur vieux et vivre avec un peu de confort matériel. C’est leur vie, elles en font ce qu’elles veulent, je suis bien d’accord. Et quand on voit par exemple le nombre d’adultères et de femmes battues à Madagascar, elles choisissent la vieillesse aux blessures physiques et morales et ça ne peut que se comprendre.

Et ceux qui « choisissent » de rester alors?

Beaucoup de gens qui ont eu les moyens de partir sont revenus par choix (et on ne les comprend pas toujours) Mais ils se sont assurés d’avoir plus de moyens financiers pour construire quelque chose ici. En fait, on peut bien vivre à condition d’être bien loti financièrement. Être riche est la garantie de bien profiter des atouts mondialement célèbres de Madagascar.

Pourquoi rester malgré tout ?

Personnellement, je ne cherche pas à partir à tout prix parce que tous mes repères sont ici et pour le moment, je ne ressens pas le besoin de trouver mieux ailleurs. Si certaines personnes trouvent de meilleures conditions de vie ailleurs, je ne peux que leur souhaiter bon vent. A quoi bon rester ici si on n’est pas bien et qu’on peut partir?

Mais au fond, cette histoire est bien triste. Les gens paient des centaines d’euros pour profiter de la beauté de notre île quelques jours seulement. Certains quittent père et mère pour s’installer ici et nous, on part. Ben oui, les belles plages et les beaux paysages ne nous donnent pas à manger donc voilà!

24 réflexions sur “Nos rêves d’évasion

  1. Quitter c’est aussi espérer un meilleur travail, le rêve d’être mieux payer ailleurs (sans penser aux impôts…) , une vie meilleure… Le rêve des européens c de vivre au soleil toute l’année…
    Les séries à l’eau de rose, genre Marimar (mdr) ça fait rêver les malgaches (j’aurai pu trouver mieux comme exemple) Hier tu étais rien, demain tu es quelqu’un…qu’on respecte au moins… Mais crois moi, tout ceux qui sont partis meurent d’envie d’y retourner; la famille, le pays c’est notre paradis… (Et j’ai pu lire dans un blog la semaine dernière… « Madagascar avec autant de saletés, ils ne traitent pas leur déchets et les malgaches appellent ça paradis? » J’ai juste eu un pincement au coeur 😉 …j’ai laisser courir

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    • Moi aussi la famille me manquerait! Mais bon, si un jour j’ai vraiment envie de partir pour toutes les raisons citées plus tôt ou pour d’autres raisons, j’essaierais de partir aussi. Pour le moment, mon paradis c’est ici. Tiens, paradis est parfait pour désigner le pays 🙂 Pour la personne qui a écris les mots que tu as cités, paradis veut dire propreté matérielle…Normal que tu aies eu un pincement au coeur puisqu’elle n’a pas du tout la même conception du paradis que nous 😛

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  2. J’ai beaucoup aimé ce (long) billet. Pour donner mon avis sur la question (puisque c’est un peu le but des commentaires quand même), je crois qu’il ne faut pas confondre le Tourisme et l’Immigration, visiter un endroit et vivre dans cet endroit. J’ai rencontré à Mulhouse (Alsace, France) une famille malgache merveilleusement gentille avec qui nous avons lié amitié. Lili avait eu deux enfants à Madagascar et a eu son troisième en France. Elle m’expliquait que c’était très difficile car il n’y avait personne pour la seconder pendant que son mari était eu travail. Au pays cela aurait été différent car elle y était bien entourée.
    Tout ça pour expliquer que l’environnement ce n’est pas seulement la Terre mais aussi la Famille ou les Amis. (Mais pourquoi je mets des majuscules partout ?)

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    • Long billet sans image ni photo, précisons-le (cf un de tes billets à toi) Oui, je suis d’accord avec toi. D’ailleurs, sans la famille et les amis, j’aurai déjà tenter ma chance ailleurs à l’heure qu’il est. Mais pour le moment, je ne pourrais pas 🙂 Mais beaucoup d’étrangers viennent s’installer « définitivement » sauf qu’ils ont des revenus d’expatrier ou des fonds importants pour créer une entreprise. Enfin, je reviens à ce que j’ai dis dans l’article: on vit bien ici quand on est riche (comme partout finalement)

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  3. Wow… j’adore ce billet! Il est certes un peu long mais ça valait vraiment le coup de le lire. Je me sens très concernée. Petit a, parce que j’ai toujours pensé comme toi. Avec l’incivisme ambiant dans le pays (corruption, saletés matérielles et morales et j’en passe…) il y a de quoi « s’enfuir »! Je me suis toujours demandée – et me demande toujours – qu’est-ce qui attire les étrangers à Madagascar? Bon d’accord, il y a de superbes endroits paradisiaques et touristiques au pays, mais qu’en est-il de la pollution (dans tous les sens du terme)?. Petit b, comme toi aussi pourtant, je ne ressens pas particulièrement le besoin de partir à tout prix. Mes parents sont ici, même si l’autre moitié de ma famille sont éparpillés à l’étranger. En plus, j’aime mon pays et je suis bien triste de voir combien il est maltraité par… son propre peuple. Petit c, je fais partie de la fameuse « fuite de cerveau ». En tout cas, j’en faisais partie car maintenant je suis de retour au pays. Un choix qui n’était pas nécessairement de plein gré. Car non, je n’étais pas malheureuse là où j’étais. Certes, mes parents me manquaient. Mais j’avais réussi à construire de nouveaux repères tout au long des années, qui me correspondaient bien. Les raisons de mon retour sont personnelles et vous comprendrez bien que je ne veuille pas m’étendre là-dessus. Mais ce que je veux dire c’est que je vivais une vie globalement joyeuse. Maintenant, revenir ne me déplait pas forcément non plus. Je suis bien ici aussi. Malgré que je ne sois pas « très riche », malgré que le fait que je travaille dans la fonction publique, là ou la corruption fait rage 🙂 (ça, c’était un choix de plein gré), malgré le fait que parfois, ma vie à l’étranger me manque. Malgré tout!
    (Désolée pour le commentaire trop long!) 😉

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    • Euh… quand je dis « ça c’était un choix de plein gré », je ne voulais pas dire que je suis contente de travailler dans la fonction publique à cause de la corruption mais bien MALGRE la corruption qui y fait rage, étant donné que c’est l’une des choses qui me révolte au plus haut point ici. Bref, malgré le fait que je ne vis pas « une vie de rêve, une vie paradisiaque » à Madagascar (parce que c’est automatiquement ce que les gens pensent quand on revient de l’étranger – « avy any an-dafy… »), je ne suis pas malheureuse ici aussi. Il y a des avantages et des inconvénients à tout.

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      • Que dire? Je suis contente de ta réaction si spontanée 🙂 et t’inquiètes, j’aime les commentaires longs mdr Voilà, il y a des avantages et des inconvénients à tout et tant qu’on est bien, c’est l’essentiel!

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  4. J’aime l’honnêteté et la simplicité de ton discours.

    Qui me fait entrevoir l’étendue de mon ignorance. Madagascar n’était en mon esprit parisien, que soleil et volupté… Un pays de carte postale en somme.

    Grâce à ton blog, je parviens aujourd’hui à le visualiser comme un peuple, avec ses faiblesses mais aussi et surtout, ses qualités.

    S’il te fallait une raison de plus pour continuer ton aventure bloguesque, puisse celle-ci te convenir.

    😉

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    • Effectivement, ton commentaire m’encourage à continuer et peut-être à parler des bons côtés de Madagascar plus souvent parce que dernièrement, j’ai surtout soulevé des problèmes et des côtés négatifs. Mais Madagascar reste un pays où il fait bon vivre ce qui explique mon attachement à ma vie ici malgré tout. Merci Pastille 🙂

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  5. Salut tout le monde! J’ai un peu fait le tour d’un max de blog et forum! Chapeau-bas les enfants… ce blog est un très bon reflet de la prise de conscience des « jeunes » malagasy. je crois que vous aviez tous et toutes moins de 50 ans… voir 40. N’oubliez pas l’effet identitaire qui pèse sur chacun lorsqu’il est à l’étranger : les racines. Sans racines, l’individu n’est plus. Et de là, prédomine un mal être qui pousse la personne à se focaliser sur d’autres valeurs. Des valeurs plus terre à terre, plus proches, la survie dans la jungle « capitaliste », la quête infinie du confort matériel. On peut parler d’un très grand nombre de nos compatriotes qui se sont faites et faits prendre dans ce mécanisme… la prostitution… la pornographie etc… Il faut que nous tous gardions à l’esprit que chacun de nous, quoi que nous fassions, sommes la meilleure représentation de notre terre natale. Quelle grande fierté que d’affirmer qu’on est malagasy lorsqu’on arrive à accomplir quelque chose, même infime… par exemple un travail bien fait et professionnel et autre…Léopold Sédar Senghor avait dit dans un interview :  » On apprend une langue étrangère, pour mieux parler de sa culture… on apprend une culture étrangère, pour mieux chérir ses Racines ».

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    • Toi, moi et beaucoup de ceux qui ont accès à internet ont certainement cette prise de conscience comme tu le dis si bien, mais malheureusement beaucoup de jeunes sont confrontés à tellement de pauvreté qu’ils n’ont qu’une chose en tête: partir d’ici. A cela s’ajoute évidemment le paraître parce que pour beaucoup, être en Andafy (à l’étranger) est juste top, c’est l’idéal. Quitte à se prostituer à faire de la porno, tant qu’ils peuvent revenir au pays dans de beaux habits et avec de la devise, c’est l’essentiel pour eux. Pour moi, la situation idéale serait que les jeunes Malgaches aiment assez le pays pour rester ici et s’enrichir ici. Il y a tellement de filons à exploiter malgré certaines barrières politiques, mais pour ça, il faudrait leur faire connaître notre pays et notre culture (à travers des cours d’éducation civique notamment) Enfin…je parle beaucoup moi 🙂 Merci beaucoup pour ton intervention Le Panda 🙂

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  6. Question difficile, mais je crois que la réponse dépend de chacun, de ce qu’il cherche dans la vie, de ses valeurs dans la vie. Mais je rebondis sur ce que « le Panda » a dit: c’est vrai qu’il y a la question des racines, de se sentir chez soi…et parfois, même si on a passé beaucoup de temps ailleurs que sur les Terres des ancêtres, l’on ne se sent pas vraiment chez soi…et il y a ce quelque chose qui manque…que chacun remplit à sa manière. Puis, il y a aussi la question de son propre système de valeurs..ou c’est un peu exagéré de le dire?
    Si c’est « juste » une question d’avoirs matériels, c’est sûr que vaut mieux être là où l’on a le plus de richesses matérielles, mais après, il y a la question de bien être « intérieur » et de qualité de vie, et je pense que pour cela il n’y a rien de mieux que d’être chez soi :p (où l’on n’a pas à justifier du pourquoi on est là, on n’a pas à tout justifier tout le temps au fait! et c’est ce fait d’avoir à toujours justifier, se justifier…qui fatigue, même si on va me dire, il n’y a qu’à vivre sa propre vie, mais il y a toujours des situations dans lesquelles on te fait comprendre que non, ce n’est pas ton pays par ici)

    Mais après, ce ne sont que des supputations de ma part, lol, vu que ma préférence va nettement vers l’option « je rentre » malgré tout :p (quand j’aurais fini ce que j’ai à faire ici!)

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    • Tout le mal que je te souhaite est de ne jamais regretter de rentrer au pays. Peut-on regretter une telle décision? Oui, quand le paradis est en fait un cauchemar 😦

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  7. Lol! et j’ai envie d’ajouter, il y en a qui trouve que Madagascar n’est pas une île si paradisiaque que cela, j’aimerais juste ajouter, « et l’ailleurs non plus ce n’est pas un eldorado ni le paradis »

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  8. Je ne peux pas m’empêcher d’intervenir à nouveau… parce que la réponse de Bonbon anglais m’a tapé dans l’œil :). Je ne sais pas combien d’année tu es à l’étranger maintenant (oui, oui, je suis ton blog!), mais comme je te comprend quand tu dis « ma préférence va nettement vers l’option « je rentre » malgré tout ». Personnellement, j’ai mis quatre bonnes années avant de trouver mes repères et d’arrêter d’en vouloir à la tous les « vazaha », hihi!!
    Et quand tu dis « c’est ce fait d’avoir à toujours justifier, se justifier… qui fatigue », c’est exactement ça!! parce que oui, c’est dur parfois (trop souvent!) d’accepter ces « situations dans lesquelles on te fait comprendre que non, ce n’est pas ton pays par ici ». Mais c’est encore plus dur de réaliser que comparés aux ressortissants d’autres pays, nos dirigeants ne font pas beaucoup pour nos ressortissants.
    Et puis, les années passent, et on commence à y avoir des attaches à l’étranger. Amis, petit-ami, mari, famille, etc. Nos pensées commencent aussi à s’installer. Une nouvelle mentalité s’installe dans notre esprit à notre insu, sans qu’on se rende compte de rien du tout. On pense être la même personne que celle qui a quitté le pays, et puis un beau jour, on finit par rentrer. On est trop contente, car on attendait ce moment depuis un bail et BAM! On réalise – comme l’effet d’une douche bien glacée – que NON, on n’est plus la même. Tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes, la famille, les amis, les collègues et même, les situations qu’on pensait familières nous font tous réaliser qu’on est bel et bien DIFFERENTE (avec un certain dédain de la part de ces gens, s’il vous plait), qu’on a CHANGE, qu’on est plus la même!
    Crois-moi, ça aussi c’est très dur!!! Parce que rebelotte, on est obligé de se justifier tout le temps. On a la bonne couleur de peau, la bonne langue parlée, mais pas la « bonne » façon d’être ni la « bonne » attitude de « bonne Malagasy »…
    Retrouver son équilibre, c’est le grand challenge. Parce que les repères que tu avais avant, ils sont restés là certes, mais tu ne les reconnais plus. Et eux non plus ne te reconnaissent plus.
    Il paraît que quand on part, on ne revient plus jamais…

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  9. :s Et du coup, je fais quoi? comment?
    Mirana: si jamais tu devais reprendre la décision maintenant, tu ferais quoi? tu serais rentrée quand même? (disons que par un espèce de truc machin spacio-temporel tu peux revenir en arrière mais en ayant en main toutes ses données que tu as maintenant que tu es revenue) tu ferais quoi? ou tu me conseillerais de faire quoi? :s
    (je pense que j’idéalise trop les choses…du coup, ça m’empêche de les voir avec tous ses aspects réels)…mais une fois de plus, je ne sais pas (c’est peut être aussi l’absence de réponse sur cette question qui fait que je traîne autant à finir ce truc…lol…et là je me fais une séance d’auto-psychanalyse à 2 balles…bref :p )

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  10. @ Bonbon Anglais: Hahaha! toi et moi on est pareil alors! les « séances d’auto-psychanalyse à 2 balles », ça me connaît 😉
    Déjà, je te conseille de finir ce que tu es venue faire là-bas. Mets d’abord de côté tout ce qu’on a dit plus haut. Finit bien ce que tu dois faire. Profites bien aussi de ta vie là-bas, sur tous les plans. Je répète, PROFITES-bien! Essaies de ne pas penser à comment on nous traite à la préf’ tous les ans et pour les autres choses tous les jours… Car il y a beaucoup de choses bien aussi là-bas. Et en effet, reste terre-à-terre. Essaie de ne pas trop idéaliser ni là-bas, ni ici au pays. C’est le meilleur moyen de ne pas avoir de regrets.
    Si au final, tu sens que tu as besoin de rentrer. N’hésites pas. Rentres. Car malgré tout ce que j’ai dit, tu verras comme ça te fera du bien! 🙂
    Mais avant, il faut juste bien se préparer psychologiquement, et puis, aussi financièrement. C’est important quand même. Ca permet de relativiser et de mieux affronter la situation.
    Maintenant, l’histoire de déséquilibre par rapport à la mentalité et à la société, c’est quelque chose que tu ne pourras pas éviter malheureusement. La solution que j’ai trouvé, c’est d’arrêter de comparer tout le temps et de m’ouvrir au maximum au deux mondes et aux deux cultures. Vis les choses comme elles viennent et surtout vis les choses pleinement sans à priori, où que tu sois. Faut voir les choses du bon côté aussi, hein, on ressort forcément plus riche de cette expérience!

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  11. @ Bonbon Anglais : Ah, mince! Je parle trop comme d’habitude, j’ai oublié de répondre à ta principale question. En ayant en main toutes les données, et si un « espèce de truc machin spacio-temporel » me permettait de revenir, je crois que je serais restée à l’étranger. Pas nécessairement là où j’ai vécu mais juste à l’étranger. Pour certaines raisons comme l’attache familiale (seuls mes parents sont restés ici), la propreté, les espaces verts, la qualité de l’éducation, les quatres saisons plus ou moins bien définies 😉 (que j’adore!), et puis pour ma carrière et l’avenir des enfants… Par contre, je me serais plainte (à mort!) niveau stress, pressions en tout genre, manque de soleil, superficialité ambiante, capitalisme démésuré… Eh oui, il y a toujours un hic. Le tout c’est de savoir profiter de ce qu’on a, où que l’on soit.

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  12. En réaction de la question de Bonbon Anglais (même si elle a posé la question à Mirana) je veux juste te dire de tout faire pour rester là-bas. Si tu y fais des études, trouve un moyen de les prolonger ou de trouver un travail stable. Tu pourras toujours économiser pour passer des vacances au pays, mais réfléchis bien avant de rentrer ici. J’ai fais mes études en France, je suis rentrée avec un master 1 en 2007 et depuis, aucune entreprise ne m’a embauché et encore, je suis rentré alors qu’il n’y avait aucune crise. Maintenant c’est pire crois moi. Je ne vais pas m’étendre sur mon cas personnel, mais en termes de travail, il ne faut pas compter sur le pays sauf si tu veux créer ton entreprise et encore, il faut qu’elle marche.

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  13. Noël approche les enfants… en résumé, pour ceux et celles qui sont à l’étranger, profitez à fond de votre vie là-bas… vivez la à 400km/h… je parle surtout de la sensation de proximité qu’offre ces « pays avancés » : des musées et expos dans presque « chaque » quartier, des cinémas à chaque coins de rue, un professionnalisme « inné » (c’est un plaisir de travailler avec des personnes munies d’une telle conscience professionnelle), de raconter à ses potes « vazaha » l’exotisme de notre pays (en faire même des envieux) NB: en même temps tout en faisant comprendre que l’on n’est pas là-bas pour chiper le job d’un des leurs mais on parle bien là du « métissage » culturel et consort (une civilisation se doit d’être universelle pour progresser), prouvez à vos profs et collègues qu’en arrivant là-bas vous aviez apporté avec vous, les valeurs (morales, spirituelles, intellectuelles etc…) de vos racines en étant actifs(ves) dans des débats et autres occasions de s’exprimer… ne faites jamais le petit « malgache » timide dans son coin, explosez!!!! Pour ceux qui sont rentrés(es), comme ma personne même, vos connaissances(vous étiez partis en majorité pour ça), partagez les, pesez de tout votre poids dans le secteur qui se rapporte à vos capacités… explosez!!! surtout comme je l’ai mentionné avant, qu’importe en vous soyez, (après tout, nous sommes tous citoyens du Monde) n’oubliez pas vos Racines… grâce à elles, dans n’importe-quel environnement social où vous vous retrouveriez, vous seriez respectés(es) et aimés(es) tels(les) que vous êtes…

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  14. Article hyper intéressant Soahary, merci beaucoup. Je remarque beaucoup de points communs avec le Sri Lanka, notamment au niveau de la corruption, également omniprésente…
    Point commun aussi sur les « vieilles » blanches qui sortent avec des jeunes cinghalais, elles pour le sexe, eux pour l’argent, c’est monnaie courante…
    Cette envie de partir existe auprès de beaucoup de Sri Lankais, d’ailleurs beaucoup de bateaux d’exilés clandestins vers l’Australie sont stoppés par les autorités, et là c’est direction la prison… Tous rêvent d’Europe, mais Schengen est presque totalement fermé aux Sri Lankais, très très compliqué d’obtenir un visa touristique.
    Voilou pour la petite comparaison 😉
    Des gros bisous 🙂

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    • Le visa touristique s’obtient aussi très difficilement pour les jeunes femmes Malgaches pour la France parce que beaucoup s’en vont surtout pour rester là-bas clandestinement.

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