Moins on en sait, mieux ils se portent

L’école, le savoir…ces richesses universelles auxquelles peu d’enfants Malgache ont accès.

Un enseignement de niveau médiocre

Le primaire est la base, mais les enseignants sont parfois souvent peu compétents dans les écoles publiques. En fait, les instituteurs diplômés se font rares depuis des années et on les comprend quand on voit le salaire. Les associations de parents d’élèves sont alors obligées de payer des gens pour enseigner à l’école primaire. Ce sont les maîtres FRAM (Fikambanan’ny Ray Amandrenin’ny Mpianatra – Association des parents d’élèves) Certains d’entre eux ont le Bac, beaucoup ne l’ont pas. Ils sont formés pendant quelques semaines et se forment eux-mêmes sur le tas. Et l’État les indemnise.

A quoi bon encourager des gens peu compétents avec une indemnisation? Pourquoi ne pas améliorer les conditions des vrais instituteurs pour susciter des vocations? Il est loin le temps où le savoir était le plus précieux des héritages. Maintenant, pour beaucoup d’écoliers Malgaches, le savoir se limite à l’écriture de leur nom et à la capacité àfaire les comptes de base de la vie quotidienne. A quoi bon rester des années à l’école? La vraie vie est toute autre. La vraie vie s’apprend dans les champs, dans la rue. Pour le peu qui persiste, la qualité de l’enseignement laisse vraiment à désirer. On finit par croire que l’école ne sert pas à grand chose, que seule une poignée de chanceux peuvent aller loin dans les études. D’ailleurs, seule une poignée de chanceux va loin dans les études. Ceux-là vont dans des écoles privées où le niveau et les conditions sont vraiment différents. Les malchanceux se contentent de l’école publique.

Un enseignement en français

J’en ai déjà parlé sur le blog et j’en parle toujours avec la même stupéfaction: pourquoi les enfants Malgaches qui parlent le malgache à longueur de journée et qui ont du mal à s’exprimer en français, doivent tout apprendre en Français? P.O.U.R.Q.U.O.I Seigneur? Forcer un petit Malgache de la campagne à apprendre des choses en français…j’appelle ça de l’hypocrisie! J’appelle ça remuer le couteau dans la plaie. J’appelle ça faire semblant de lui donner les moyens d’apprendre. Certes, la malgachisation de l’enseignement fût un fiasco, mais ce n’est pas une raison pour laisser les choses comme ça.

Des infrastructures …à en pleurer

En ville, on a facilement d’immenses écoles primaires, des collèges et des lycées publics immenses et aux normes internationales et interplanétaires. La ville, c’est la vitrine. C’est la preuve à fournir aux bailleurs comme quoi le fond dédié à l’éducation et l’enseignement est utilisé à bon escient. Mais allez donc à la campagne et vous verrez dans quelle condition les élèves apprennent. Ci-après une école primaire… J’ai vu ce bâtiment et j’ai eu un pincement au cœur.

Là où tout a commencé ...

Là où tout a commencé …

Évidemment, beaucoup d’enfants Malgaches accèdent à un vrai enseignement.
Évidemment, beaucoup d’enfants Malgaches n’ont aucun problème d’apprentissage même si c’est en français.
Évidemment, la difficulté pour certains enfants Malgaches à apprendre leur histoire dans une langue qu’ils ne comprennent pas n’a jamais empêché à Madagascar d’avoir de hauts diplômés qui brillent dans les meilleures universités du monde.
Évidemment, le peu de Malgaches qui réussissent suffisent pour faire oublier tous les autres.

Dans un pays comme le nôtre, les ignorants sont les meilleurs alliés des dirigeants. Moins la population en sait, mieux les dirigeants se portent. La population sait à peine lire, écrire et compter. Les dirigeants de leur côté négocient les contrats et les millions dans toutes les langues du monde. La population marche pieds-nus, les dirigeants roulent dans les voitures les plus récentes des meilleurs constructeurs. Ils ont besoin de cette masse de pauvres et d’ignorants pour demander des aides. Ce n’est donc pas demain que l’éducation et l’enseignement deviendront de vraies priorités à Madagascar.

9 réflexions sur “Moins on en sait, mieux ils se portent

  1. Bonjour,

    vous avez mis le doigt où ca fait mal.
    l’enseignement est la base de tout développement.
    Nous avons essayé, puis baissé les bras.
    Il faudrait encore 5 à 10 ans pour remettre l’enseignement de base en malagasy. Et 10 encore pour mobiliser une nouvelle jeunesse instruite de cette façon.

    Que de temps perdu…!

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    • Bonjour, pourquoi je ne vois ce commentaire que maintenant? :/ Si seulement tout se mettait en marche maintenant, on aurait besoin de 10 ans voire plus pour instruire la génération actuelle, mais ce ne sera pas du temps perdu. Cette année, j’ai décidé de ne rien attendre des dirigeants et d’agir quand je peux. Mes méthodes seront critiquables et maladroites, mais je pense que c’est mieux que d’attendre qu’ils prennent conscience de l’ampleur du dégât.

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      • A mon avis, c’est la qualité même de l’éducation qu’il faut mettre en cause. Des écoles privées poussent comme des champignons sans avoir la qualité qu’il faut, sans parler de la compétance des enseignants, des diplômes achetés, etc…n’oublions pas non plus que ceux qui ont instauré la malgachisation envoye leurs enfants étudier à l’étranger. Il faut tout remanier. Si un seul élu pouvait durant son mandat penser à éduquer les enfants de la ville, région, circonscription ou autre dont il est responsable en donnant l’exemple, les choses iront déjà mieux mais votre titre est déjà la réponse à la situation actuelle.

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        • la compétence des enseignants…un détail très problématique. Me croirez-vous si je vous dis qu’une lavandière de mon ancien quartier est devenu institutrice? Et ce n’est pas pour dénigrer le métier de lavandière, mais à la base elle n’a pas été longtemps à l’école et ça se sentait dans sa façon de parler en malgache. Je n’ose pas imaginer comment elle enseigne en français…bref

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          • Oui je vous crois, malheureusement, car j’ai une cousine qui est institutrice dans une école privée justement, et elle a arrêté ses études en T4, …Ce n’est pas la sous-estimer mais j’imagine le niveau de ses élèves…espérons, espérons…mbola hino vé zahay ?

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  2. Bonjour,

    Je suis de la génération « malgachisation ». De T1 à la 3ème tout en malgache, et de la 2de à terminale, tout en français, et bien le 1er de la classe et devenu cancre à partir de la 2d, on se débrouille comme on peut pour apprendre le français, je pense même que mes profs n’étaient pas si « pro » que ça . Mais comme vous dites, et encore plus maintenant, l’éducation comme la santé est le cadet des soucis de nos dirigeants.

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    • Bonjour. Les premières années de ma scolarité faisaient aussi partie de cette fameuse période de la malgachisation. Mais moi, c’était du T1 au T5. Au CEPE j’avais encore le choix entre le malgache et le français. Mais en 6ème, tout était en français en plus je débarquais en ville et ce n’était pas évident, mais étant enfant je pense que j’ai rapidement assimilé le français. Mais je comprends qu’on devienne cancre s’il faut tout apprendre en français seulement à partir de la seconde. Là, je reste persuadé qu’on peut faire quelque chose et attendre les dirigeants est définitivement hors de question quand on voit ce qu’ils font actuellement.Si on veut faire quelque chose, on peut le faire même si c’est minime. Ce serait comme une goutte d’eau dans l’océan, mais je suis persuadée que ce ne sera pas vain.

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